LA TRADITION VIVANTE DES ARGUEDENES

Publié le par Francoise



"Arguèdène"est un mot wallon qui signifie littéralement « ariette ». Plusieurs sens peuvent lui être attribués, mais dans le monde des fanfares, il se réfère à une forme de jeu d'ensemble pratiquée par un petit groupe de musiciens, des skèteûs (joueurs) d’arguèdènes, jouant des airs de danse sur un accompagnement improvisé. Le plus souvent, cela se passe de manière impromptue et conviviale, autour d’un bon petit verre dans un café, après un concert ou à l’occasion de l’une ou l’autre sortie. Cette pratique s’est développée dans le courant du XIXe siècle lors de l’émergence des sociétés musicales amateurs pour connaître son apogée avant la Première Guerre. Des joueurs d’arguèdènes avaient même l’habitude de se rassembler pour former de petits orchestres afin de faire danser la communauté lors de bals champêtres. Si elle a baissé en intensité, la pratique des arguèdènes ne s’est jamais vraiment interrompue dans certaines fanfares ou harmonies, particulièrement dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.

 



Le répertoire d’À râse dè têre s’articule autour des arguèdènes jouées à Sivry (Botte du Hainaut), mais nombre d’airs étaient – et sont toujours – aussi connus ailleurs, en Flandre comme en Wallonie. Il s’agit d’un assortiment des quatre grandes danses de couple (valses, polkas, schottisches et mazurkas). Transmises par le bouche à oreille ou via des notations manuscrites, les mélodies appartiennent à la tradition locale et sont pour la plupart anonymes ; elles sont souvent associées à d’anciens arguèdèneûs qui les ont jouées et parfois composées eux-mêmes.

   


L'ensemble À râse dè têre qui entend mettre le répertoire des arguèdènes à l’honneur, a vu le jour dans le prolongement du premier concours d’arguèdènes, organisé à Sivry en 2005. Il se compose de quatre musiciens originaires de la région de l'Entre-Sambre-et-Meuse, tous issus du vivier des fanfares et harmonies villageoises. Ils ont été formés à la tradition des arguèdènes par leurs aînés, côtoyés dans leurs fanfares respectives. Les instruments utilisés sont des instruments à vent en cuivre comme on en trouvait dans toutes les fanfares : un bugle, un cornet à pistons, un tuba et une basse, c’est-à-dire aussi un effectif souvent rencontré dans les cahiers manuscrits ou imprimés de musiciens de bals parvenus jusqu’à nous. L’expression « à râse dè têre » fait partie de celles fréquemment employées par les arguèdèneûs. L’ensemble, réuni pour le plaisir, se produit en concert ou pour diverses animations (petits bals, ambiance 1900, etc.). Il fournit en outre l’illustration sonore idéale à la conférence « Les arguèdènes : une pratique musicale populaire à Sivry ».

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